13 avr. 2012

La chasse est une philosophie de la nature

Une société d'images et de chiffres

La plupart du temps, je monte dans mon camion climatisé et je roule lentement vers le boisé de chasse, que je fréquente depuis bientôt 25 ans. Dans le haut de la côte je stationne le camion, je m'habille rapidement et je fais le reste du trajet à pieds. 




Je marche dans le sentier qui conduit au boisé de chasse, d'abord lentement puis un peu plus rapidement. Alors que mes poumons se remplissent d'air frais et que mon pouls s'accélère, je me demande pourquoi je marche si rapidement. Il est presque midi, je suis à la retraite, j'ai tout mon temps, je n'ai pas de rendez-vous, je n'ai personne qui m'attend pour dîner, j'ai tout l'après-midi à moi.

Puis je chasse ces pensées de mon esprit et je commence à profiter pleinement de mon après-midi. Je ralentis tout de suite mes pas. La première chose qui me frappe est le silence de tout bruit de circulation. Je ressens facilement mon pouls, qui semble modérer avec le ralentissement de mes pas et avec l'air frais qui entre dans mes poumons. J'utilise enfin tous mes sens et je m'en réjouis. 


Nous vivons dans une société qui nous transmet continuellement des images de ce que devrait être la vie. Les Iphones et les GPS ont remplacé notre sens de l'orientation. Tout se fait maintenant par des puces électroniques. 

Avec la télévision et les ordinateurs, nous n'avons évidemment qu'une vue partielle de notre univers. Bien sûr ces équipements nous transmettent tout ce qui se passe à des milliers de kilomètres, mais ils ne nous disent rien sur ce qui se passe tout près de nous.

Un jour viendra où les embouteillages des villes et les multiples boutons des appareils ne sauront plus nous satisfaire. Nous aurons besoin de délier nos muscles et de clarifier notre pensée. Nous trouverons alors intéressant de noter comment un peu d'air frais lors d'une marche en forêt peut permettre de clarifier notre pensée.

Une énergie mal dirigée 

Vous n'avez pas d'idée comment nos sens sont devenus sous-développés. Comment notre sens de l'odorat est amoindri  par l'oxyde de carbone des voitures, comment notre sens de l'ouĩe est affaibli par le bruit de la circulation, comment notre sens de la vue et notre vision périphérique est atrophié par la laideur du béton et de l'asphalte. Nous avons perdu le sens de l'attention et de la contemplation. 


Être dans la nature demande de l'énergie, ce n'est pas comme contempler une image passivement sur votre ordinateur. Nous ne pouvons pas trouver les traces d'un animal si nous n'avons pas de concentration, si nous ne portons pas attention au sol sur lequel nous marchons. Nous n'entendrons pas les chants des oiseaux, le bruissement du vent dans les arbres si nous ne nous concentrons pas. 

Il y a des choses dans la nature qui sont plus facilement observables que d'autres. Ce qui place les chasseurs à un autre niveau de perception, c'est cette habileté de percevoir certains détails différemment de la plupart des personnes et de les interpréter en leur faveur. 

Cette capacité de percevoir certains détails de la nature plus précisément, provient d'une interprétation plus poussée des signes laissés par les animaux qui habitent le boisé de chasse. Elle provient aussi d'une motivation différente, celle d'avoir une chasse fructueuse à l'automne.


Lors de la chasse, nous faisons attention à tous ces petits détails visibles et invisibles, comme un chevreuil qui sort du boisé dans le champs de luzerne, en balayant le paysage qui s'offre devant lui pour y déceler la présence d'un prédateur. 

Pour tous ces chasseurs qui pratiquent cette conscience d'être dans la nature avec la nature, je me réjouis d'avance du plaisir de vous rencontrer en forêt. La chasse est véritablement une philosophie de la nature.

Nanook

Aucun commentaire:

Articles les plus consultés

Articles antérieurs archivés par mois