6 déc. 2015

Frôler la mort sur la glace

Une aventure en forêt

L'histoire commence dans les bois, à plus de 25 kilomètres du village de Baie Trinité sur la Côte Nord. Nous étions 4 amis de la ville de Sept-Iles en visite à Baie Trinité, pour aller visiter le territoire de chasse à l'orignal et ravitailler le trappeur permanent pendant l'hiver.



Nous étions partis le 23 décembre 1977 de Sept-Iles avec les véhicules, les motoneiges sur les remorques. Ce matin-là la température était près de -20°C, mais nous étions bien vêtus et prêts à affronter l'hiver qui tardait un peu à arriver cette année-là. Nous étions loin de nous douter que nous frôlerions tous la mort cette journée-là.
 

Une surprise nous attendait

Nous avons descendu  les motoneiges des remorques et attaché tout le matériel sur le traîneau. Nous sommes partis pour effectuer une balade d'environ 25 kilomètres pour arriver au premier lac d'une chaîne de 3 lacs avant d'atteindre la base de la montagne.


Comme nous venions d'arriver au sud du lac Earle, nous avons tout de suite commencer à craindre pour les motoneiges, car le bord du lac n'était pas encore gelé et l'eau apparaissait à plusieurs endroits.

Le sondage de la glace avec une hache nous apprend que l'épaisseur de la glace varie entre 5 et 8 centimètres (2 à 3 po). La glace sur le lac n'est pas lisse et brillante partout. Il existe plusieurs endroits où il y a de grands cercles de neige indiquant que la glace pourrait y être plus mince.

 

Un camp sur l'île


D'un commun accord, comme il y a un camp sur l'île à plus de 300 mètres, nous prenons la décision de traverser vers l'île. Les 2 premiers compagnons Aimé et Sylvio s'engagent en sondant la glace en chemin et sont presque rendu sur l'île.



L'autre compagnon Jean plus craintif, décide de prendre dans ses bras un arbre mort, comme il y en a plusieurs sur les lacs de la côte nord. Ainsi il pense que si la glace se brise et qu'il s'enfonce, l'arbre va le retenir hors de l'eau. 

J'observe mes compagnons évoluer sur la glace et j'attends car je juge que l'épaisseur est insuffisante. Je porte alors une corde de 5 mètres auquel est attachée une scie mécanique. Puis je m'engage sur la glace à plus de 50 mètres derrière Jean, marchant dans ses pas.

 

Tout à coup: la catastrophe

Puis tout bascule, Jean s'enfonce malgré son arbre. je m'allonge sur la glace et je crie de toute mes forces pour alerter Aimé et Sylvio qui reviennent alors sur leurs pas. Je m'approche de Jean et lui demande de se débarrasser du havresac de 25 kilogrammes (55 livres) qu'il porte toujours sur son dos. 

Je m'approche à près de 3 ou 4 mètres de Jean, toujours allongé sur la glace et lui lance la corde. Jean l'attrape et tire très fort, me faisant glisser la moitié du chemin. Je suis alors, allongé à moins de 2 mètres de Jean, presque face à face. Pendant ce temps, Aimé arrive et pense à planter sa hache dans la glace pour avoir un meilleur point d'appui.


Ça marche
 
Ça marche ! En enroulant la corde à la hache plantée dans la glace et en s'allongeant tous les trois, nous avons enfin sorti Jean de l'eau froide. Puis c'est le retour vers le bord du lac à moitié penchés et quelques fois allongés.




Nous avons ramassé un nombre impressionnant d'arbres morts secs, mis le feu au moyen de l'essence du réservoir de la scie mécanique. Donné chacun de nous une pièce de linge à Jean pour lui permettre d'être au sec.

Nous sommes redescendus la même journée au village de Baie Trinité, super contents d'être tous ensembles. Nous avions frôlé la mort d'un peu trop près à mon goût.

J'ai encore en mémoire la plupart des scènes que je viens de vous décrire, même si l'aventure s'est passée il y a plus de 35 ans.


C'est l'opinion du blogueur en ce 6 décembre 2015.


André Nanook Simard


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