17 oct. 2016

La mort en hiver en skidoo

Une aventure en forêt

L'histoire commence dans les bois, à plus de 25 kilomètres du village sur la Côte Nord. Nous étions 4 amis de Sept-Iles, en visite au camp de chasse à Baie Trinité, pour aller visiter le territoire et ravitailler le trappeur permanent pendant l'hiver. 



Nous étions partis le 23 décembre 1977 de Sept-Iles avec les véhicules, les motoneiges sur les remorques. Ce matin-là la température était près de -20°C, mais nous étions bien vêtus et prêts à affronter l'hiver. Nous étions loin de nous douter que nous frôlerions tous la mort cette journée-là.

Une surprise nous attendait

Nous avons descendu  les Skidoos des remorques, puis nous avons attaché tout le matériel sur le traîneau. Nous sommes partis pour effectuer une balade d'environ 25 kilomètres pour arriver au premier lac d'une chaîne de 3 lacs avant d'atteindre la base de la montagne.


Quand nous venons d'arriver au lac Earle, nous avons tout de suite commencer à craindre pour les Skidoos, car le bord du lac n'était pas encore gelé et l'eau apparaissait à plusieurs endroits.

Le sondage de la glace avec une hache nous apprend que l'épaisseur de la glace varie entre 5 et 8 centimètres (2 à 3 po). La glace sur le lac n'est pas lisse et brillante partout. Il existe plusieurs endroits, où il y a de grands cercles de neige, indiquant que la glace pourrait y être plus mince. 

Un camp sur l'île

D'un commun accord, comme il y a un camp sur l'île à plus de 300 mètres, nous prenons la décision de traverser vers l'île. Les 2 premiers compagnons Aimé et Sylvio s'engagent en sondant la glace en chemin et sont presque rendus sur l'île.


L'autre compagnon est Jean plus craintif, décide de prendre dans ses bras un arbre mort, comme il y en a plusieurs sur les lacs de la côte nord. Ainsi il pense que si la glace se brise et qu'il s'enfonce, l'arbre va le retenir hors de l'eau. 

J'observe mes compagnons évoluer sur la glace. J'attends car je juge que l'épaisseur de la glace est insuffisante. Je porte alors une corde de 5 mètres auquel est attaché une scie mécanique. Puis je m'engage sur la glace à plus de 50 mètres derrière Jean, marchant dans ses pas.

Tout à coup: tout bascule

Puis tout bascule, Jean s'enfonce malgré son arbre. je m'allonge sur la glace et je crie de toute mes forces pour alerter Aimé et Sylvio, qui reviennent alors sur leurs pas. Je m'approche de Jean et lui demande de se débarrasser du havresac de 25 kilogrammes (55 livres) qu'il porte toujours sur son dos. 

Je m'approche à près de 3 ou 4 mètres de Jean, toujours allongé sur la glace. Je lui lance la corde. Jean l'attrape et tire trop fort, me faisant glisser la moitié du chemin sur la glace. Je suis alors,  allongé à moins de 2 mètres de Jean, presque face à face. Pendant ce temps, Aimé arrive. Il pense à planter sa hache dans la glace, pour avoir un meilleur point d'appui.

Ça marche

Ça marche ! En enroulant la corde à la hache plantée dans la glace. En s'allongeant tous les trois, nous avons enfin sorti Jean de l'eau froide. Puis c'est le retour vers le bord du lac à moitié penchés et quelques fois allongés.


Nous avons ramassé un nombre impressionnant d'arbres morts secs, mis le feu au moyen de l'essence du réservoir de la scie mécanique. Donné chacun de nous, une pièce de linge à Jean, pour lui permettre d'être au sec.

Nous sommes redescendus la même journée au village de Baie Trinité, super contents d'être tous ensembles. Nous avions frôlé la mort d'un peu trop près à mon goût.

J'ai encore en mémoire la plupart des scènes que je viens de vous décrire, même si l'aventure s'est passée il y a presque 40 ans. 

C'était l'opinion du blogueur en ce 17 octobre 2016.

André Nanook Simard

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