12 févr. 2018

Fonctionnaire sans passer de concours

     Préposé à l'enregistrement
Un monsieur à lunettes me reçoit. C’est très bien. Vous serez aux carabines. Il m'amène au bureau des déclarations d'armes à feu, me confie à un employé, qui me fait signe de m’asseoir, me demande si j’écris correctement le français.
 Faites voir

Je plonge une plume dans l’encrier, je la plonge trop fort, et en la retirant, j’éclabousse d’une tache énorme, la page d’un grand registre des armes à feu, que l’homme a devant lui. 


L’homme donne les signes du plus violent désespoir.  C’est juste sur le nom. Il se jette à la fenêtre, et se penche au dehors, fait des gestes, pousse des cris. 

Appelle-t-il au secours ? Sent-il venir la crise de coeur ? Veut-il me faire arrêter ? Est-ce le commissaire qui s'en vient ?


C’est un marchand de vin des alentours, qui cinq secondes plus tard, se précipite dans le bureau, demande avec effroi la question suivante: ''qu'est-ce qu’il y a'' ? 

Il y a que monsieur, que voilà, a débuté par envoyer une saloperie sur mon registre. Il se tourne vers moi avec fureur. Vous entendez, un registre des armes à feu. Savez-vous au moins ce que c’est ?



Oui, j’ai fait mon école secondaire. J’aurais dû m’en douter. 
Et il ricane. Ils en sont tous là, les enregistreurs, c’est la mort du registre des armes à feu.
Ils ne sont guère forts, mes collègues, mais ce ne sont point de méchantes gens. Ils ne me font point sentir trop cruellement mon infériorité. Et il me donne des conseils, pour la queue des lettres longues. Nous restons même après la fermeture des bureaux, pour soigner mon anglais, sur laquelle je sue sang et eau. 


Je vais remercier le registre des armes à feu, pour faire mon sarcasme.

C'était l'opinion du blogueur en ce 12 février 2018.

André Nanook Simard

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