22 juill. 2013

La flèche parfaite

Un instant de liberté
Vous êtes confortable, l'arc semble léger dans votre main. Vous étirez votre arc d'un geste fluide, vous mettez l'oeilleton vis-à-vis de votre oeil. Vous avez pris soin de mettre la mire sur la cible. Puis vous actionnez le déclencheur.


L'arc bascule vers l'avant presqu'au ralenti, votre poignet l'accompagne à l'instant précis où la flèche quitte l'arc. Vous n'avez même pas besoin de regarder, vous savez parfaitement où la flèche va. Elle était prédestinée à frapper le milieu de la cible.

Vous avez l'impression d'avoir trouvé une sensation parfaite d'équilibre. Pendant un bref instant, vous avez réussi à toucher partiellement à cette partie de perfection à l'intérieur de chacun d'entre nous.


Le temps ralentit et semble s'arrêter, il n'y a pas d'explication et il n'y a plus rien de rationnel. Votre concentration est au maximum, c'est un instant de liberté totale et de félicité absolue.

Chaque fois que vous pratiquez

Si vous pratiquez le tir à l'arc, vous savez ce que je veux dire. Vous savez bien ce qui va suivre. Vous vous apprêtez à tirer une autre flèche, un autre geste fluide. Un autre instant de liberté. Si vous pouvez tirer flèche après flèche avec ce même sentiment de fluidité et de liberté, vous êtes un excellent chasseur de chevreuil à l'arc.

 
Mais ça ne se passe pas toutes les fois comme ça. Vous voulez tirer au centre de la cible, vous agissez alors avec votre volonté et vos flèches sont mal groupées. Ce n'est pas ce que vous cherchiez.

Vous essayez de tirer une nouvelle flèche, vous avez serré un peu fort la prise de l'arc, vous êtes instable, la flèche part sur le côté et frappe la cible un peu loin du centre. Vous le savez dans le fonds, ce n'était pas la flèche parfaite. 

Ce que vous recherchez

La recherche de l'équilibre entre la concentration et la fluidité, où la moindre crispation et la moindre hésitation fausse la trajectoire de la flèche. C'est accepter que la flèche vole vers son destin propre, et l'application de toute votre volonté pour qu'elle atteigne le centre de la cible n'y changera rien.


Il arrive dans la vie de tous les jours, qu'on se stresse et qu'on obtient exactement l'inverse du but poursuivi, à force de tout vouloir contrôler et en mettant trop de volonté dans l'action. Dans le tir à l'arc comme dans la vie de tous les jours, il faut que le tireur fasse un effort conscient de laisser un peu aller les choses, de faire confiance à la vie.

On fait de notre mieux et on utilise tous les moyens à notre disposition. Ensuite on laisse faire la vie. C'est le seul moyen de tirer la flèche parfaite.

André Nanook Simard



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